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Le longicorne

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Le longicorne  

Phoracantha semipunctata F.

Par KERRIS Tayeb émail: tayeb.kerris@free.fr 

&  KHEMICI Mohamed émail: khemici@hotmail.com

Phoracantha semipunctata F.

       Les Eucalyptus ont été répandus partout où les conditions climatiques pouvait leur convenir. Ils demeurent en Europe cantonnés aux régions méditerranéennes. Ils furent introduits sans le cortège des insectes déprédateurs de leur pays d’origine (SCHVESTER, 1981.).

         L’Eucalyptus qui se caractérise par sa rapidité de croissance a été choisi pour constituer les plantations dont la production est destinée à l’industrie de pâte à papier Ces plantations sont menacées par un insecte, le Phoracantha semipunctata F., (Coléoptère., Cerambycidae), qui est responsable de la perte de plusieurs dizaines de milliers d’arbres en Tunisie et en Algérie (KADIK, et VILLAGRAN, 1981).


Biogéographie du Phoracantha semipunctata F.:

          Originaire d’Australie où il se trouve dans les forêts naturelles d’eucalyptus, le Phoracantha semipunctata F. s’est répandu en Océanie, e, Papouasie, en Nouvelle Guinée et, en Zélande (CADAHIA, 1986). En 1917, on le signale en Argentine (SANTIS, 1945, et CADAHIA, 1986), après il passe au Chili (DYFFY, 1960).

         Le Phoracantha semipunctata a fait son apparition dans le bassin méditerranéen pendant la seconde Guerre Mondiale, et en Palestine en 1945 (CADAHIA, 1986), puis en Égypte en 1950, et plus tard, en 1959 dans le sud de la Turquie sur des arbres isolés (ACATAY, 1959). C’est en juin 1981 qu’on se rendit compte pour la première fois de l’existence en Espagne, dans la province de Huelva, du le Phoracantha semipunctata F., (Coléoptère., Cerambycidae) (GONZALEZ TIRADO, 1986). En Italie, ce cérambycidé a été signalé pour la première fois en Sardaigne méridionales en 1969. (CAVALCASELLE, 1986).        

En France, la Yougoslavie et, la Grèce, ce ravageur n’est pas encore apparu, et des mesures sévères de quarantaines y ont été mises en place (CADAHIA, 1986).

         En Algérie, il a été signalé en 1986 dans la région de Aïn-El-Assel - El-kala (HUSSEINY et, MOUMEN, 1977). En espace de quelques années ce ravageur a connu une expansion foudroyante dans toute l’Algérie du nord, voir carte de distribution géographique de l’insecte (KHEMICI, 1987).


Importance économique:

         Le genre Eucalyptus revêt une importance considérable à l’échelle de l’économie forestière mondiale, et en particulier par l’extension considérable des reboisements (plus de 4 millions d’hectares) en régions tropicales sahéliennes et tempérées chaudes (LANIER, 1986).

         La majorité des pays circum-méditerranneens sont largement déficitaires quant au bilan de leur filière bois; l’Algérie à un déficit de 65 000 m3 (LANIER, 1986). En Algérie, l’Eucalyptus qui se caractérise par sa rapidité de croissance, a été choisi pour constituer les plantations dont la production est destinée pour l’alimentation des usines de pâte à papier (KADIK, et VILLAGRAN, 1981).

         Un Eucalyptus peut produire en 20 ans ce qu’un pin d’Alep par exemple , produit en 60 ans. En foresterie, les arbres produisent généralement tous les 80 à 100 ans. Alors que l’eucalyptus produit tous les 15 ans. Ce qui amène à conclure qu’il n’y a pas d’hésitation possible en matière de choix d’espèces de reboisement. Les forêts d’eucalyptus sont capables de jouer un rôle primordial dans la filière bois, et diminuer ainsi en grande partie les importations de ce produit vital à l’économie d’une manière générale (MEZIANE, 1996).

         Le ravageur le plus redoutables est certainement le Phoracantha semipunctata F., qui s’est répandu dans la partie occidentale du bassin méditerranéen (CADAHIA, 1986). Face au dommages spectaculaires causés par le Phoracantha semipunctata en Palestine dans les peuplements d’Eucalyptus camaldulensis (CADAHIA, 1986)., et en Algérie sur d’Eucalyptus camaldulensis (KHEMICI, 1987).


Épidémies et dégâts Phoracantha semipunctata:

          Une attaques intense de Phoracantha semipunctata peut produire la mort d’arbres de 20 - 30 m de  haut (CAVALCASELLE, 1986).

         L’évaluation des dégâts causé jusqu’en 1982 par ce ravageur au Maroc a permis d’établir les chiffres suivants: le nombre d’arbres atteints dépasse les 2 millions (CADAHIA, 1986) . Cette proportions de destruction est relativement plus faible que celle enregistrée en Tunisie et en Algérie (EL-YOUSFI 1982). Les dégâts évalués en Espagne jusqu’en 1983 pour les seuls peuplements de la province de Helva seulement à 6.207 ha (CADAHIA, 1986). En Tunisie et en l’espace de 4 ans la diffusion est totale dans la région avec des conséquences parfois catastrophiques (CHARARAS, 1969).

Dégât de phoracantha en Espagne

En Algérie les dégât les plus importants causés par les xylophages sur Eucalyptus sont ceux du Phoracantha semipunctata F., (Coléoptère., Cerambycidae) (F.A.O./P.N.U.D., 1986). En l’espace de dix années, depuis son apparition en 1968 à El-Kala, l’infestation a connu une expansion foudroyante dans toute l’Algérie du nord (KHEMICI, 1987), (voir carte de distribution géographique de l’insecte.).

         Étude de l’influence des attaques sur la survie des espèces d’eucalyptus par KHEMICI (1987), voir tableau:

% d’attaque du Phoracantha semipunctata, dans l’Arboretum de Baïnem.

0 à 10%.

10 à 30%.

plus de 30%.

Eucalyptus albens.

Eucalyptus blackely.

Eucalyptus cladocalyx.

Eucalyptus camaldulensis.

 

Eucalyptus microcorrys.

Eucalyptus paniculata.

Eucalyptus saligna.

Eucalyptus umbellata.

Eucalyptus diversicolor.

Eucalyptus leucoxylon.

Eucalyptus citriodora.

Eucalyptus astringens.

Eucalyptus bosistogna.

Eucalyptus alba.

Eucalyptus gomphocephala.

Eucalyptus urnigera.

Eucalyptus globulus.

Eucalyptus maideni.

Eucalyptus grandis.

Eucalyptus occidentalis.

Eucalyptus woodwardi.

Eucalyptus coolabah.

Eucalyptus punctata .

                                * ( Source KHEMICI, 1987).


Biologie 

du Phoracantha semipunctata F.:

 

 

         Le Phoracantha semipunctata F., a généralement deux générations annuelles, et en tenant compte de l’étalement de l’oviposition, on peut rencontrer dans la même population une ou deux générations (KADIK et VILLAGRAN, 1981 et KHEMICI, 1987).

 

         L’envol des adultes de la première génération à lieu de Mai à Août selon les régions et les donnés climatiques (KADIK et VILLAGRAN, 1981 et KHEMICI, 1987). Les femelles déposent leurs oeufs (jusqu’à 160 oeufs) dans les fissures de l’écorce ou au point de jonction de deux branches (KADIK et VILLAGRAN, 1981). L’éclosion a lieu une semaine après la ponte.

    Adulte                   Ponte de Phoracantha

Elle donne naissance à des larves qui pénètrent dans le bois ou elles creusent des galeries.

         Au fur et à mesure de la croissance des larves, les galeries se développent en profondeur et en largeur. L’évolution des stades larvaires se fait en 4 stades (L1 à L4). 

         A la fin du développement larvaires les larves du quatrième stade après nymphose en Août - Septembre donnent naissance à une 2 ème génération. L’envol des adultes de la 2 ème génération aura lieu d’Août à Novembre, et les larves entrent en quiescence pendant l’hiver (KADIK et VILLAGRAN, 1981)

   

            Larve et galeries de Phoracantha.

Adultes.


Symptômes et éléments de diagnostic :

 

         Les symptômes d’une attaque du Phoracantha n’attirent souvent l’attention que tardivement, lorsque l’arbre est condamné. De plus, même lorsque le diagnostic est très précoce, il n’existe souvent pas de remèdes pour sauver l’arbre et l’on peut alors compter que sur les capacités intrinsèques de défense de celui-ci. Toutefois, même tardivement, un diagnostic des attaques sur l’arbre attaqué est indispensable car , au delà de l’individu, c’est le peuplement qui est menacé. Le diagnostic des attaques sur quelques individus est un élément de base de la lutte préventive contre une épidémie

        Comme tout être vivant, l’arbre est capable de se défendre face à une agression. Il existe une réaction de défense chez les Eucalyptus, par une attraction primaire de nature chimique qui a sa source dans les composés terpéniques émis par l’essence-hôte; et une autre attraction secondaire due aux phéromones, substances attractives émises par les individus « pionniers », survenant dès que les premiers insectes commencent à forer de l’essence-hôte pour y ménager un système de galeries.

  

 

Troncs attaqués par le Phoracantha

Sur des arbres très affaiblis dont les moyens de défense sont très faibles, les attaques réussissent toujours. On observe sous l’écorce la présence d’adultes en activité, des oeufs, et des larves de l’insecte.

         Donc il est nécessaire de vérifier s’il y a ou non présence d’œufs et de larves pour conclure au succès ou à l’échec de l’attaque.


   Une deuxième espèce à été Phoracanthi, le Phoracantha recurva Newman, à été identifié dans la forêt de Zéralda (30 km à l'ouest d'Alger) en mai - juin 2000. (KHEMICI, KHOUS, SMAILI et BOUZDALI, 2002, Revue INRF).

Phoracantha recurva (INRF).


Méthode de lutte et recommandations :

         La lutte contre le Phoracantha semipunctata F., comme toute insectes xylophages, présente des difficultés. Aucune méthode satisfaisante de lutte biologique n’a encore été mise au point (GONZALEZ TIRADO, 1986). Les seules procédés de lutte contre cet insecte sont l’élimination systématique des arbres atteints et mal venants, l’installation d’arbres pièges pendant les émergences et, les mesures de quarantaines (GONZALEZ TIRADO, 1986 et KHEMICI, 1987).

Élimination des arbres :( assainissement sanitaires des plantations ):

         C'est la méthode fondamentale de lutte. On doit impérativement procéder à un assainissement urgent des foyers d'attaque.

Þ Pour limiter les pertes, il faut procéder d’éliminer le plus rapidement possible les arbres ayant dépassé le stade de pleine maturité, étant donné qu’ils sont les plus sensibles à une sécheresse estivale (CADAHIA, 1986).

Þ Ensuite, il faudrait éliminer les arbres les plus attaqués pendant la périodes qui s’étend de Septembre à Mai, afin d’éviter la sortie des adultes. Les nouveaux rejets ne sont pas attaqués et ainsi, il est essentiel d’intervenir précocement, avant que les larves de l’insecte ne puissent atteindre la base de la plante et ne détruisent le cambium juste dans la zone où poussent les nouveaux rejets (CAVALCASELLE, 1986).

         L'opération d'assainissement doit se faire comme suit:

  1. Martelage des arbres matures, des arbres mort sur pied, et des arbres dépérissants,

  2. Coupe des sujets marqués.

  3. Pour limiter les propagations d'insectes xylophages, on procédera au traitement préventif du bois coupé par:

  4. Poudrage du bois stéré avec le lindane à 5%  (l'opération doit être renouvelée tous les 15  jours).

·     Il y'a lieu également d'évacuer hors de la forêt tout le bois gisant et coupé. et de procéder à sa transformation (trituration: panneaux de particules, pâte à papier) (KHEMICI, 1987).

Technique de lutte par arbre piège: 

         L'installation d'arbres-pièges est une mesure tout aussi importante que la première, et qui a pour but de limiter l’extension des populations. Elle s'appuie sur la nette préférence du Phoracantha semipunctata, qui attaque de préférence les arbres affaiblis,  pour des raisons climatiques, édaphiques ou pathologiques. Les dégâts sont parfois spectaculaires, car une attaque intense peut produire la mort des arbres de 20 à 30 m de haut (CAVALCASELLE, 1986). 

         Ces pièges permettent la concentration du plus grand nombre d'individus et de pontes.

         Chaque point piège est composé de 15 billes non écorcées de 2,2 m. de long et un diamètre d’environ 15 cm., juxtaposées sur le sol et portant des éraflures pour favoriser les pontes (GONZALEZ TIRADO, 1986 et KHEMICI, 1987). 

billes non écorcées portant des éraflures

 

 

billes ébranchées, juxtaposées sur le sol 

 puis recouvertes de feuillage

         Les billes sont traitées par poudrage au Lindane à 2%. La dose de 75 grs./pièges ne doit pas être dépassés, afin d’éviter les effets répulsifs (GONZALEZ TIRADO, 1986). Après poudrage, les billes sont alors ébranchées, juxtaposées sur le sol  puis recouvertes de feuillage pour éviter une dessiccation trop rapide (GONZALEZ TIRADO, 1986 et KHEMICI, 1987).Le nombre de point piège dépend du degré d’infestation*  constaté:

1 point-piège pour            25 ha. en cas de forte attaque.

1 point-piège pour            50 ha. en cas d’une attaque moyenne.

1 point-piège pour            100 ha. en cas d’une attaque légère.

         A chaque point-piège, un nouveau est posé tous les 15 jours de mai à Novembre. Le poudrage des pièges en place est renouvelé en même temps, les anciens pièges sont éliminés par écorçage ou incinérés 1 à 2 mois après la pose (GONZALEZ TIRADO, 1986). Les coupes d’assainissement se poursuivront normalement.

         Matériel : tronçonneuse

Piégeage des adultes:

         Le développement d’un prototype de piège permettant la capture des adultes de Phoracantha semipunctata, par l’amélioration du dispositif de piégeages multidirectionnel déjà utilisé par MONTGOMERY et al. en 1983, pour d’autre coléoptères forestiers a été étudier par  KHEMICI  (1987).

Mesures de quarantaine: 

         Les mesures de quarantaine sont le moyen le plus sûr de préserver les plantations et d’éviter la propagation continue de l’insecte.

         En Espagne dans certaines régions de Galice et de Cornisa Cantabrica n’ont pas été infectées. Quoi qu’il en soit, des mesures strictes de quarantaines interdisant l’entrée de bois dans ces régions demeurent en vigueur (CADAHIA, 1984).

         Dans quelques pays de la région méditerranéenne, tel que la France, la Yougoslavie et, la Grèce, le ravageur n’est pas encore apparu et des mesures sévères de quarantaines y ont été mise en place  (CADAHIA, 1986). Les mesures de quarantaines pour le transport de bois hors zone d’exploitation sont obligatoire et leurs applications devra être stricte (KHEMICI, 1987).

Lutte préventive:

·     Le choix des espèces d’Eucalyptus résistantes à Phoracantha semipunctata (CHARARAS, 1969, KHEMICI, 1987 & NEDJAHI, 1987).

·     L’élevage des plants en pépinières, la préparation du terrain, la mise en place des plants, l’entretien et le suivi des plantations constituent des maillons importants, leurs exécutions suivant des normes précises constituent le succès et la prévention des futures plantations (KADIK, 1980).

     Évaluation du taux d’attaque de Phoracantha semipunctata

              Pour évaluer les taux d'attaque du Phoracantha dans une parcelle, l'appréciation se fait selon le tableau suivant:

Échelle d'évaluation

1

Attaque légère.

de 1   à  5 %  d’arbres attaqués.

2

Attaque moyenne.

de 6   à 25 % d’arbres attaqués.

3

Forte attaque.

plus de 25%   d’arbres attaqués.

Évaluation de l'importance du dépérissement.

         Les dépérissements des eucalyptus, nécessite un comptage systématique des arbres dépérissants et morts, afin de  quantifier le phénomène, et d’évalué le volume.

         Le travail consiste à parcourir toute la forêt et faire un comptage pied par pied des arbres dépérit , morts sur pied, tombés au sol et ou coupé, en prenant les mesures dendrométriques (hauteurs moyenne, et dominante et, circonférence moyenne et dominante) et calculé leur volume.

Matériel à utiliser pour les mesures dendrométriques (le Blum-Leiss, la mire de Pardé, le ruban-mètre et le compteur ou manuel).


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