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L'Etat de la subéraie Algérienne

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         La suberaie Algérienne connaît présentement des phénomènes graves de dépérissement. En effet, les dernières observation montrent une évolution rapide de la dégradation de ces sylves naturelles (M. ZAMOUM et al., 1986, 1987, 1988 et 1989) Les symptômes d’affaiblissement sont toujours plus apparents  dans les forêts de Boumerdes et Oran (M. ZAMOUM 1988) et Jijel ( rapport  de mission F. LIEUTIER 1992 ). Ce phénomène a pris de plus en plus d’ampleur particulièrement dans la wilaya de Jijel où les forêts vieillissantes ont été envahies par un maquis pyrophile à dominante Erica arborea et Arbutus unido (M.G. KHOUS. 1990). Les incendies sont devenus plus violents et la production de liège a diminué considérablement dans notre pays.


Les causes et conséquences des dépérissements.

         Les suberaies Algériennes des différents étages bioclimatiques font l’objet indifféremment de phénomènes graves de dépérissements :

  1. ·        Vieillissement : Le vieillissement des arbres entraîne une diminution des capacités physiologiques de défenses qui facilitent l’installation d’insectes nuisibles et de diverses maladies; une diminution quantitative et qualitative des glandées à un âge avancé limitant de ce faite la régénération naturelle de cette espèce.

  2. ·        Concurrence du sous-bois et surpâturage : Les suberaies sont caractérisées par un sous-bois dense et varie. Le tapis végétal ou ligneux peut être soit éliminé par le surpâturage, ou au contraire, exagérément développé. Dans ce dernier cas, la régénération naturelle est entravée et les risques d’incendies augmentés.

  3. ·        Mauvais démasclage : Les observations réalisées sur les dépérissements dans les suberaies de Jijel (1992), Tizi-Ouzou (1988), Boumerdes (1988) , Oran (1988), nous ont amené à constater que de très nombreux arbres sont gravement touchés par un démasclage et un déliègeage mal faits qui ne répondent pas aux normes tolérées par l’arbres.

  4. ·        Parasites et maladies :

  • Action d’insectes défoliateurs qui interviennent de façon cyclique sur le peuplements (Lymantria dispar). 

  • Action d’insectes xylophages: Ce groupe d’insectes est attirés par la sécrétion terpénique des arbres affaiblis, occasionnant des dégâts sur le xylème et phloême, pouvant aller jusqu’au dépérissement total des arbres.

  • Action de champignons: Le seul champignon d’altération signalé en Algérie à un niveau épidémique, et pouvant causer des dommages sur chêne-liège, est Hypoxylon mediterraneum  

(ABBAS et Al. 1988) à Boumerdes, et à Jijel (Équipe de Pathologie INRF - 1992).


Conclusion

         L’état général des suberaies est entièrement dégradé et il est grand temps d’intervenir. Le chêne-liège qui occupe une importante place dans l’économie forestière du pays se trouve menacé. La préservation de cette source de revenu ne se réalisera qu’après la mise en application de plans d’aménagements spécifiques qui prévoient:

      Þ La prévention contre les incendies.

      Þ Le contrôle et l’organisation des pâturages.

      Þ La maîtrise des techniques d’exploitation du liège.

      Þ La protection effective contre les maladies et parasites.

     ( Réseau de surveillances )(Source KHOUS M.G. INRF 1990).

 

         Le démasclage (ou déliègeage) du chêne liège est une opération qui, mal réalisée peut compromettre le développement ultérieur de l’arbre; par la suppression répétée d’une partie importante de son enveloppe protectrice subéreuse: l’assise génératrice externe se dessèche entraînant un déséquilibre physiologique de l’arbre, traumatisme pouvant aller jusqu’à sa mort, ainsi que la qualité, la quantité, le nombre des levées de liège.

 


Précautions  indispensables à prendre en cas de démasclage

·      Ne démascler que des arbres sains et vigoureux.

     ·      L’âge de l’arbre : l’effet débitant du démasclage étant plus important sur les jeunes arbres, ne démascler que lorsqu’une certaine circonférence est atteinte (70 cm, soit vers l’âge de 40 ans ).

    ·      L’intensité du démasclage : pour réduire l’affaiblissement de l’arbre par démasclage, la surface levée par arbre doit être proportionnelle à la taille de l’arbre : la levée doit s’effectuer sur une hauteur d’arbre égale au maximum à deux fois sa circonférence à 1 mètre du sol ( exemple : Circonférence d’un arbre d’1 mètre du sol est de 65 cm la levée doit s’effectuer sur une hauteur de 1,30 mètre ).

     ·      L’époque : pour que la séparation de l’écorce se fasse sans blesser le liber, l’assise génératrice subero-phellodermique doit être en pleine activité ( au moment de la sève). La récolte se situe en moyenne entre juin - Juillet, avec des variations plus ou moins dues à des facteurs génétiques, stationnels, climatiques ( exposition, vent ) ou pathologiques ( attaques d’insectes Lymantria...).

    ·      La technique : il faut éviter d’arracher ou de blesser le liber :

      Þ  Décoller le liège avec précaution après s’être assuré ( par sondage ) qu’il va bien décoller, arrêter  le travail si le décollement pose des problèmes ( période de sécheresse ou de mistral ).

      Þ  Pratiquer des entailles de décollement limitées à l’épaisseur du liège.

      Þ  Détacher les débris de liège restant adhérents au liber.

      Þ  Bien détourner l’incision circulaire inférieure  ( la plus basse possible : Insectes ).

       ·      La surveillance : le démasclage, opération délicate nécessite l’emploi d’ouvriers leveurs qualifiés et consciencieux et une surveillance suivie réalisée par un personnel compétent possédant technique et autorité.  Le séminaire tenu à Jijel en 1989 a proposé la formation des ouvriers dans des écoles avant la récolte du liège.

( Source ONF 1991 et SÉMINAIRE DU CHÊNE LIÈGE A JIJEL INRF 1989 ).



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